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Communauté, Communautaire, Communautarisme…

Le nombre de Nations sans État dans le monde, formant une communauté, est considérable. Quand elles s’éveillent et réclament un référendum pour maîtriser leur avenir, on les accuse systématiquement de communautarisme. Voilà un terme devenu détestable en raison de sa terminaison, à l’image d’autres concepts : égalité, égalitarisme, humanité, humanitarisme...

Pourtant, est communautaire tout ce qui se rapporte à une communauté : communauté nationale, communauté de communes, communauté européenne, communauté de destin, communauté familiale, communauté religieuse, communauté festive… Que de communautés sous le ciel républicain, reconnues, favorisées, institutionnalisées et jugées indispensables pour améliorer le vivre ensemble ! Le communautarisme, qui définit et qualifie la pratique communautaire, est condamné en raison du danger présumé qu’il ferait courir au régime politique par ses prétentions autonomistes, voire indépendantistes.

 Comment est-il possible de qualifier négativement et globalement ce terme sans en justifier le contenu ? L’inquiétude ou la mauvaise foi ultra étatiste prend les devants. Elle voit dans la démarche d’un peuple historique, de langue, de culture et de territoire, de vouloir être reconnu différent de l’État qui le gouverne, une agression contre le modèle républicain. Cette disposition est pourtant assez répandue au niveau européen et international, dans des pays, et pas seulement des plus grands, qui accueillent officiellement une pluralité culturelle et linguistique qui ne porte nullement atteinte à leur régime politique.

Ce n’est pas  la République française, qui est rejetée, contestée et menacée, mais son refus de reconnaître la présence de nationalités d’origines différentes, soucieuses de partager une citoyenneté commune, dans ses droits et sa dette sociale, et de pouvoir y vivre ses propres valeurs, conformément aux exigences démocratiques.

La réaction exacerbée de Madrid, après la récente consultation populaire des Catalans loyaux, et son injonction menaçante adressée aux pays voisins de la suivre aveuglément, confirme l’intolérance étatique qui, par effet inverse, ne fait que renforcer une volonté séparatiste devenant majoritaire.

Pour notre part, l’hypothèse de porter atteinte au caractère d’unicité et indivisibilité de la République française est absente de la revendication actuelle du Pays basque de France.

Elle ne touche donc pas au principe immuable défini suivant des critères d’un autre siècle.

C’est ce même siècle d’ailleurs qui avait imposé l’usage exclusif de la langue française, comme véhicule, proclamé unilatéralement langue unique des Lumières.

En réalité, langue diplomatique des cours européennes, parlée et écrite par une élite, elle est aujourd’hui largement dépassée par la langue de l’économie de marché ! Ce constat remet en cause, pour des raisons pratiques, l’exclusivité officielle du français en France, en particulier à l’Université, ce qui permet raisonnablement de l’étendre aux langues dites régionales. Encore faudrait-il que l’État renonce aux réserves majeures qu’il fait sur la Charte européenne des langues régionales, signée du bout des lèvres.

D’années en années, au Pays basque, une grande majorité de responsables politiques, socio-économiques et culturels locaux, de toutes tendances, se joignent à la revendication d’une collectivité spécifique à statut particulier. Sont-ils donc tous des communautaristes antirépublicains ? Que feront-ils si une fois de plus la promesse d’une reconnaissance administrative spécifique du Pays basque est repoussée comme cela semble probable, après le rejet attendu du Conseil constitutionnel ? Associée d’ailleurs à la réforme régionale, sujette à de futurs litiges, la mesure exigée pour la composition représentative de la Communauté de communes Pays basque, permettra à l’État d’arbitrer et de tout re-centraliser après trente années d’un exercice déjà bien limité. La République et la Démocratie ne font pas toujours bon ménage.

Michel Berger

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Calme politique en Iparralde

 

Le calme politique régnant en Iparralde est-il le fruit de la « digestion » des élections municipales et de la saison touristique ?

Il est vrai que les équipes élues en mars ont été plus préoccupées de leur mise en place et de leurs contraintes locales que de problèmes plus ambitieux, tels que les institutions, les découpages territoriaux, les nouveaux modes de scrutins.

La question posée par le Préfet sur l'avenir du Pays Basque Nord mué en grande intercommunalité est restée pendante. Il est vrai que le contexte ne favorisait pas la discussion : la réforme en cours sur les régions et les départements n'a pas de contours définis. Sur le principe, adhésions et réticences se sont succédées dans le personnel politique local. Le 8 novembre la question était abordée au Biltzar des communes tenu à Biarritz. L'assemblée a paru hésitante.

Le Maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, n'hésite pas, lui, à qualifier d'anticonstitutionnelle l'intercommunalité unique Pays Basque. Une jurisprudence existe. Le Conseil Constitutionnel avait nettement avancé un argument de représentativité. Dans le cas du Pays Basque et compte tenu de la pondération démographique, l'Assemblée, organe exécutif du territoire, pourrait atteindre 700 membres !

En attendant, les élus pensent surtout aux prochaines élections départementales. Les nouveaux cantons éliront chacun deux conseillers, en respectant la parité. Le scrutin aura lieu fin mars 2015.

 

Koko Abeberry

 

 

L'Ecosse et la Catalogne attendront

 

L'émancipation des peuples européens par la voie démocratique n'est pas chose aisée. Les récents exemples de l'Ecosse et de la Catalogne en font foi.

 

Après négociation, et accord, entre les deux parties, anglaise et écossaise, le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse (et donc sa sortie du Royaume Uni) a eu lieu en septembre. La participation a été exceptionnellement élevée. Le « No » l'a emporté assez nettement avec plus de 53% des suffrages. Mais les promesses des partis britanniques pour plus d'autonomie ont été telles qu'on peut se demander qui a vraiment gagné.

 

En ce qui concerne l'autre scrutin, on retiendra surtout la tension croissante entre les indépendantistes et le pouvoir de Madrid. Celui-ci a dénié toute légitimité à la démarche de la Géneralitat. L'Espagne reste une et indivisible. Le Tribunal Constitutionnel a tranché par deux fois en ce sens. Il a refusé la tenue officielle d'un vote organisé par le pouvoir exécutif catalan prévu le 9 novembre. Il a rejeté toute légalité au « processus consultatif » de remplacement.

Sur 5 millions d'électeurs inscrits, 2 millions 3 se sont pourtant déplacés dans les bureaux de vote improvisés. Près de 1 million 700 000, soit 80% des voix exprimées, ont répondu « Si » (oui) aux questions sur l'indépendance de la Catalogne. Un succès, selon les observateurs internationaux. Un échec, selon le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy.

La volonté manifeste des Catalans, mise en évidence ce jour-là mais aussi par les immenses mobilisations festives de la Diada et autres événements, conduit logiquement à penser que l'affaire ne va pas en rester là.

 

Koko Abeberry

 

 

 


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